Rédigé par Jean-Claude
Support technique :Eric Pommereau
Contributeur : Michel & Philippe Pommereau
Un siècle plus tard, nous tenions à honorer la mémoire de notre grand-oncle Marius, enfant de Ramoulu, en rapportant ses souvenirs de la Première Guerre mondiale.
Marius, Charles est le benjamin des quatre frères Pommereau. Il est né le 21 septembre 1891 à Ramoulu. De nature fragile, il sera le chouchou de sa mère Eudoxie qui en prendra un soin tout particulier. En 1912, lors du conseil de révision à Malesherbes, il sera ajourné et classé dans le service auxiliaire en raison de sa santé précaire. A cette époque, Marius résidait à Pithiviers (rue de la Couronne) où il exerçait la profession de commis coiffeur. En 1913, il sera incorporé, au titre d’auxiliaire, à l'école de gymnastique de Joinville-le-Pont (aujourd'hui dans le Val de Marne) (*). Le 1er août 1914 survint la mobilisation générale suivie, deux jours plus tard, de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France.
(*) L'école de gymnastique de Joinville sera l'ancêtre du Bataillon de Joinville qui sera créé en 1956, pour les appelés sportifs de renom.
Les trois autres frères Pommereau, Jules, Ferdinand et Henri se trouvèrent eux aussi mobilisés, et partiront au front. A la mi-novembre, la situation militaire devenant critique devant l'avancée des troupes allemandes, Marius sera versé au service armé et affecté au 7e Régiment de Zouaves de marche, 4e Compagnie. Il partira au front le 12 décembre 1914 et sera cantonné dans la région d'Arras (Pas-de-Calais)
Au vu du commentaire manuscrit laissé au dos de la photo (vraisemblablement écrit par Eudoxie), cette photo a été prise dans les tous premiers jours de son arrivée sur le front.
Nous n'avons pas trouvé de renseignement sur son parcours avant la date du 15 janvier 1915, si ce n'est que avec son Régiment, il a gagné le front le 12 décembre 1914, dans la région d'Arras.
Lors d'une attaque entre Roclincourt et Thélus (Pas-de-Calais), alors qu'il enjambait le parapet de la tranchée, Marius a été blessé à la cuisse gauche par une balle en séton. Sous l'impact, il est tombé en arrière dans la tranchée. Un de ses gradés, pensant avoir à faire à un tire au flanc, l'a alors menacé de son revolver pour le forcer à remonter sur le parapet. Après un échange verbal assez vif avec son supérieur, Marius a été pansé sommairement sur place avant d'être évacué et soigné, le lendemain, à l'ambulance 3/45 stationnée à Hermanville (Pas-de-Calais).
Ci-dessus, la fiche navette rédigée par les secours, mentionnant “une plaie superficielle, par balle, à la cuisse gauche”. Cette fiche cartonnée (modèle édité dès 1890) avait pour but de faire un premier diagnostic, facilitant le tri et l'orientation des blessés sur le champ de bataille. Elle est signée du médecin sur le recto et au dos se trouvent précisés l'indicatif de l'ambulance et son lieu de stationnement, ainsi que l'injection d'un sérum antitétanique.
Cette autre fiche est un bulletin de santé qui, accessoirement, a servi de carte de correspondance pour sa famille à Ramoulu.
Il sera soigné à l'hôpital de Berck plage puis séjournera dans l'Hôtel de la Paix (à Berck) transformé pour l'occasion en maison de repos. Son état de santé général s'étant dégradé, il entamera une série de séjours dans divers lieux de repos qui le conduiront de Berck à Solesmes par Sablé (Sarthe), puis du Mans au dépôt du 4e Régiment de Zouaves à Rosny. Malgré la persistance de son état de faiblesse, il sera maintenu soldat d'active par intermittence jusqu'au mois d'avril 1918, puis il sera réformé.
Marius a consigné par écrit, peu après la guerre, tout son parcours militaire ainsi que son périple dans les établissements de santé…
Handicapé par son état de santé précaire (affection pulmonaire et anémie), il reprendra peu à peu sa vie de civil en exerçant son métier de coiffeur. Avec sa femme Marguerite, ils tiendront un salon de coiffure à Beaumont du Gâtinais (Seine-et-Marne) avant de venir s'installer à Ramoulu, 2, rue du Moulin, où le salon sera installé dans une dépendance attenant à l'habitation.
Ci-dessous, une photo de Marius datant de la fin des années 20.
Sa vie durant, Marius Pommereau mènera une vie militante, pour ne pas dire un combat, pour la protection des droits des Anciens Combattants. Il était titulaire de la Croix de Guerre et de la médaille Militaire.
Ci-dessous une photo datant des années 60…
Marius décédera le 25 mars 1971 et sera inhumé au cimetière de Ramoulu.
Ci-dessus registre matricule du soldat Marius Pommereau (source Archives départementales du Loiret)
Ci-dessous : Première page de son livret militaire.
Musique du 1er Régiment de Zouaves : https://youtu.be/kstFWhkK8yc
D'où vient l'expression “Faire le Zouave” ? L'explication ici : http://www.defense.gouv.fr/actualites/articles/faire-le-zouave